Ses créations s’appellent Médusa ou Twirl. Partout où elles se posent, elles accrochent la lumière et le regard. Designer autodidacte, voyageur polyglotte, Jean-Marc Joullié crée et fabrique à la main des luminaires sensibles et beaux.

Comment est né Vollum ?

D’une première expérience en Inde. J’ai vécu 5 ans à Pondichéry et j’y ai lancé une ligne de mobilier en rotin, baptisée Cane Lab. J’ai appris le travail du rotin avec des artisans locaux, dessiné une ligne de sièges et formé des indiens à la fabrication de ces meubles. Cane Lab a rencontré un joli succès auprès de grands hôtels ou de l’Alliance française et continue d’ailleurs aujourd’hui à se développer. Mais j’ai décidé en 2011 de rentrer en France et d’y tenter une nouvelle aventure, selon des principes comparables et en poussant encore plus loin la logique de Cane lab.

C’est-à-dire ?

Je souhaite fabriquer localement, pour un public large, des objets à base de matière première locale et qui puissent si possible être acheminés facilement. Le facteur humain et la trace carbone sont deux priorités pour moi. Pourquoi faire travailler des gens à l‘autre bout du monde et consommer du pétrole pour acheminer des marchandises ? Dans cette optique, la création d’une ligne de luminaires s’est imposée assez vite, avec des produits légers, faciles à monter, qui peuvent voyager à plat.

Comment sont fabriqués vos luminaires ?

Je travaille principalement des lames de châtaignier et de bambou, mais aussi de hêtre ou de sycomore, collées sur des feuilles de polypropylène ou de polyéthylène utilisées pour les abat-jours classiques. Médusa est inspirée d’un éventail. C’est un objet faussement simple, dont la mise au point a demandé en réalité beaucoup de travail ! Twirl fait écho à ces « accidents » que sait créer la nature et qui font naître une beauté immédiate.

Vos inspirations ?

J’aime beaucoup le travail du néozélandais David Trubridge et celui des Espagnols de LZF, dans une approche plus « industrielle » mais très élégante. Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion qui passe dans l’objet. Mon premier meuble – une suspension - s’appelait Lucy et il était clairement un rappel de la cabane d’enfant. On pouvait s’y réfugier mais aussi y observer le monde depuis une « fenêtre ». Le jeu, l’enfance ne sont jamais très loin : si j’ai choisi pour mes luminaires des couleurs très pop, c’est aussi pour rester dans cet univers

A quoi ressemblera votre prochaine collection ?

Je continue à puiser dans mes bagages de voyageur, en m’inspirant des nasses des pêcheurs asiatiques et du cannage « diamant » typique de cette vannerie. Mais je ne m’interdit rien : j’aimerais aussi, en continuant à travailler le bois - explorer des formes plus industrielles.

Et au-delà ?

En fait, le projet vollum est un tremplin. J’aimerais élargir ma démarche en continuant à marier artisanat et design et en produisant un design qui peut être traduit dans différentes régions du monde. Je suis aussi attaché à l’idée de sur-mesure, de choix : pourquoi ne pas permettre au client de choisir la couleur du câble électrique de sa lampe ou le coussinage de son siège ? C’est encore une façon d’entretenir le lien direct avec celui qui fabrique l’objet ou le meuble et de rester à échelle humaine.

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